Les photographies suivantes sont tirées du film pris par un cinéaste de passage.
10ème Chambre correctionnelle 4 avril 1936
Le Tribunal est entré en séance (aujourd’hui) à 12 H 45.
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...le Président a ajouté... « D’ailleurs M. Blum n’a rien vu et il ne porte pas plainte ».
Le procureur de la République a prononcé ensuite son réquisitoire. « Dans ces incidents stupides et odieux, a-t-il dit, où un homme de 64 ans et un jeune femme furent frappés, il importe que vous jugiez avec votre conscience. La justice est un élément sans passion ». ....
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Après s’être retiré de 17 H45 à 18 H 15 pour délibérer, le Tribunal a rendu son jugement, condamnant Courtois à 3 mois de prison et Andurand à 15 jours de la même peine.
Enquête sur commission rogatoire 10 mars 1936
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M Léon Blum, après avoir été blessé, a été emmené, ainsi que M. et Mme Monnet, sous la protection des gardiens de la paix Grasset, Mathé, Perrot et Druguet dans l’immeuble de la rue de l’Université.
Aux représentants de l’ordre s’étaient joints MM. ... maçon, M. ...cimentier et M. ... aide-maçon.
M. ... concierge au Ministère de la guerre, 231 boulevard Saint-Germain a fait connaître qu’il avait vu se dérouler la scène. .....
À ce moment, M. Blum est descendu de l’automobile par la portière opposée au côté ou se trouvait le témoin.
Quatorze autres témoins on été entendus à la Direction de la Police judiciaire.
Confronté avec M. Fourneret, attaché au Ministère de la Marine Marchande et les Gardiens de la paix Grasset et Mathé, ceux-ci ont affirmé qu’ils avaient vus le nommé Courtois alors qu’il crachait dans l’intérieur du véhicule occupé par M. Blum et M. et Mme Monnet.
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Ce témoin a ajouté qu’il avait nettement vu le nommé Courtois frapper M. Blum.
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Rapport de l’inspecteur Barré 13 février 1936
De surveillance boulevard Saint-Germain, entre les rues de Bellechasse et de l’Université où se trouvaient rassemblés plusieurs centaines de militants d’Action Française, ligueurs de Paris et de banlieue et étudiants, venus assister aux obsèques de M. Jacques Bainville, je me trouvais vers 11 H 45 à la hauteur du Ministère de la guerre.
À ce moment une clameur retentit et des cris de : « Assassin ! Assassin ! » se firent entendre pendant que de nombreux militants d’Action Française se précipitaient vers le milieu de la chaussée, entravant la circulation.
Me précipitant aussitôt sur les lieux, j’ai constaté qu’une centaine de personnes entouraient une automobile dans laquelle se trouvait M. Léon Blum, accompagné d’une dame. Les assaillants qui avaient entourés la voiture et ouvert les portières tentaient d’en faire sortir M. Blum tout en continuant à pousser des cris de « Blum assassin » et cherchaient à le frapper ; l’un d’eux a même crié : « On va le pendre ».
J’ai dégagé alors le côté droit de la voiture et j’ai réussi à tirer la portière que j’ai maintenue fermée.
N’ayant pu parvenir à sortir M. Blum, les assaillants à coups de cannes et de poing ont cassé les glaces et, à plusieurs reprises, frappé M. Blum, notamment à coup de cannes en bout par la glace arrière. Le député a reçu sur le côté gauche du cou une blessure qui saignait abondement.
Avec l’aide de plusieurs collèges et gardiens de la paix, nous avons dégagé M. Blum et sa compagne que nous avons fait pénétrer à l’intérieur de l’immeuble portant le n° 98 de la rue de l’Université
Rapport de l’inspecteur Plaza 13 février 1936
....étant de surveillance à l’Ambassade d’Allemagne, rue de Lille, où j’ai pris mon service à 12 H 30, je me suis aperçu qu’un grand rassemblement était formé entre les numéros 200 et 231 du Bd
St-Germain, sur les deux trottoirs par des militants de l’Action Française...
Craignant qu’il n’y ait des perturbations autour de l’Ambassade précitée, je suis allé me poster en observation devant le n° 100 de la rue de l’Université, où je suis arrivé à 12 H 35. À ce moment des cris hostiles ont été poussés par la masse à l’encontre de M. Léon Blum, député de l’Aude, qui se trouvait dans la voiture (marque Citroën n° 7550-AF) en compagnie de M. Monnet et d’une dame dont j’ignore l’identité.
Les cris de « Au poteau... Au poteau... Blum...Blum » partaient de toutes parts et au moment où la voiture arrivait à la hauteur du n°231 du
Bd St-germain (venant de la direction de la Chambre des députés) une trentaine de jeunes gens se sont précipités aux portières en conspuant
M. Blum.
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M’étant faufilé à travers la foule, j’ai constaté que M. Blum, protégé par deux gardiens de la paix n°4071 et 8002 était conduit 98 rue de l’Université...
Il y avait aussi deux autres gardiens dont je n’ai pu relever le numéro.
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Rapport de l’inspecteur Delisse 13 février 1936
Circulant au milieu des groupes qui stationnaient boulevard Saint-Germain en attendant le moment de prendre place dans le cortège, je me trouvais entre la rue de Bellechasse et Solférino lorsque je vis des Ligueurs d’Action française qui se précipitaient vers le ministère de la Guerre et qui criaient en passant « Nous tenons Blum, venez ».
Je les ai suivi aussitôt et j’ai aperçu devant le ministère de la guerre une automobile entourée d’une centaine de membres de l’Action Française qui poussaient des cris où le mot « assassin » dominait. Ils tentaient d’arracher les occupants de leur siège et les frappaient à coups de cannes et de poings tandis que des agents faisaient l’impossible pour les protéger.
Me frayant un passage j’ai réussi à m’approcher de la portière droite, où se trouvait une dame qui était assise à côté de Léon Blum. J’ai aidé à fermer cette porte pour empêcher les assaillants de continuer à frapper.
Au même instant arrivaient quelques agents et frappés et bousculés nous avons réussi à faire traverser le boulevard à M. Blum ainsi qu’à la dame qui l’accompagnait et à les faire entrer dans un immeuble
98 rue de l’Université.
Constatations faites par la police et la justice
Un destin forgé par l'histoire